Perché sur les hauteurs de Montaigut-le-Blanc, dans le Puy-de-Dôme, Pierre Beauger y façonne des vins d’une rare sensibilité, amples et profonds. Une vraie “touche” qui ne trompe pas, des vins qui marquent, qui interpellent…
Pays | France |
Région | Auvergne |
Village | Montaigut-le-Blanc |
Cépages cultivés | Pinot Noir, Syrah, Pinot Gris, Sauvignon Blanc |
Premier millésime | 2001 |
Surface | 3 hectares |
Nos coups de coeur | SB 2017, Syrah |
Montaigut-le-Blanc, petit village médiéval au coeur de l’Auvergne, dominé par son château, véritable forteresse féodale, et entouré de vignes et vergers. C’est là, perché sur la colline que vit Pierre Beauger, avec sa femme Fabienne et leurs enfants. Les ruelles du patelin laissent à peine passer les véhicules, c’est donc à pieds que l’on s’approchera de la maison, passant devant le petit atelier de céramique ou Fabienne confectionne avec douceur des vases, tasses et autres objets de décoration.
Pierre, lui, avec la même douceur, la même passion, la même précision, s’affaire à quelques mètres de là, dans la cave voutée sous la maison d’hôte qui jouxte la leur. Quelques pas, quelques marches à descendre et l’on pénètre dans cet univers magique qu’est celui de Pierre. Un regard sur la droite et ce sont des flacons de Champignon Magique qui continuent leur lente évolution en bouteille, à côté de divers cartons, témoins de nombreuses anciennes cuvées aujourd’hui disparues.
C’est en 2001 que l’histoire commence, après deux ans de formation et divers apprentissages chez notamment Thierry Puzelat. Pierre, qui s’était d’abord imaginer fermier ou paysan, retourne alors dans son Puy-de-Dôme natal et y loue 1.5 hectares de vignes sur le plateau de Gergovie, du Gamay, du Chardonnay et du Pinot Gris, qui donneront naissances aux cuvées iconiques V.I.T.R.I.O.L. ou encore Champignon Magique.
La suite de l’histoire prend forme à Champeix, où Pierre restructure d’anciennes terrasses en pierres sèches dégotées en 2003 et y réalise le rêve de planter “ses” vignes entre 2004 et 2005, 1.5 hectares de Sauvignon Blanc, Pinot Noir, Pinot Gris et Syrah qui s’étalent sur quelques 3 hectares de terrasses. Des terres non cultivées depuis plus de cinquante ans, n’ayant jamais connue les “saloperies” chimiques, où la vigne côtoie les amandiers, sureaux, aubépines…
Le travail en vignes est en phase avec la nature, et Pierre, assisté de Bijou, son jeune boeuf ferrandais de huit cents kilos, y intervient avec grande parcimonie, n’utilisant que du souffre fleur et de la bouillie bordelaise pour les traitements, qu’il limite au maximum. Les vendanges sont souvent tardives, le tri minutieux. A la cave, du raisin, rien que du raisin et le temps est laissé au temps, les vins se faisant à leur rythme avec deux mots d’ordre, fluidité et buvabilité. Douce évolution et définition de ces jus si identitaires, Pierre souhaitant façonner des vins de garde, mais qui soient aussi bons à boire dans leur jeunesse.
Des Vins de Table qu’il faut goûter, à défaut de pouvoir mettre des mots assez justes sur flacons tout droits venus d’une autre galaxie.
Un oeil averti aura vite fait de découvrir certains petits messages sur les étiquettes de Pierre. Un seul crédo, ne pas se prendre au sérieux et porter un regard léger, amusé et amusant sur les codes du monde du vin.
On peut ainsi y lire “Vendangé en tongues”, “Vendangé en jour fesses”, “Vendangé chez les autres” alors que ses vignes avaient été touchées par la grêle en 2013, ou encore “Agriculture non subventionnée”, slogan militant preuve de l’indépendance chère à Pierre. Les noms des cuvées ont eux aussi connus par le passé leur touche de comique, avec notamment “Not for highway use”, “Gone to Hail” ou même “Je n’ai pas eu d’idée de nom pour cette cuvée-là…”